Mars 2005

Salaires, pouvoir d’achat, durée du travail : le ton monte en France

 

AINSI VA LA VIE DU GROUPE

Du papier signé, mais quels effets ?

A chacun ses objectifs : pour la DRH, les résultats se jugent notamment aux accords signés avec les organisations syndicales.

Pendant toute l’année 2004, aucun accord : le dialogue social a été inexistant. Puis l’arrivée de Transiciel et le découpage de Capgemini France en filiales ont ramené DRH et syndicats à la table de négociation.

Il en est résulté une série de textes, visant davantage à prendre acte des modifications de structure qu’à améliorer nos conditions de vie au travail.

C’est ainsi que sont parus les accords:

·         de modification de l’UES, pour y intégrer les sociétés Sogeti-Transiciel qui forment « le pôle LPS ».

·         d’organisation de la représentation (transitoire) du personnel jusqu’aux prochaines élections générales, et de la représentation syndicale du nouveau groupe

·         d’harmonisation des conditions d’emploi, qui prévoit l’extension aux salariés du pôle LPS des accords Capgemini sur : les 35 heures, les TEA, l’astreinte, le Plan d’épargne groupe, et l’information sociale et syndicale (accès au web social).

Au moins, ce dernier accord apportera un progrès aux 8.500 personnes concernées. Malheureusement, l’inertie (ou la mauvaise volonté) des managers semble en retarder l’effet. Par exemple, nos collègues de LPS n’ont toujours pas accès à l’intranet de Capgemini … faute de calculette Safeword ! C’est bête, non ? Et comme qualité des relations professionnelles, on a vu mieux.

Après les accords, enfin un désaccord !

Sous cette activité « sociale » apparente mais sans réelle innovation, il se cache un véritable et très ancien point de blocage : la question des salaires. Mais cette année, surprise ! la DRH fait état officiellement de son désaccord avec les délégations syndicales, comme la loi l’impose en cas d’échec des négociations. La CFTC n’est sans doute pas étrangère à cette soudaine mise au pli légal (voir ci-après)

Sondage Baropinion : bientôt les résultats

Comment nous présentera-t-on le résultat de ce sondage, quel habillage, quel éclairage le rendront plus beau ? La méthode de traitement n’a pas été annoncée au début de l’enquête, tout comme lors du précédent sondage, en 1999. L’astuce avait été de situer les réponses sur une échelle de –100 à + 100 (?!) « Cap Gemini est attentif à ses actionnaires » récoltait 82 points, « Cap Gemini est attentif à ses collaborateurs » tombait dans le rouge avec –26, et « Ma rémunération est comparable à la concurrence » descendait à -47. Franchement, qu’est-ce qui a changé depuis ? 

Salaires, pouvoir d’achat, durée du travail : le ton monte en France

Depuis l’annonce des premiers résultats annuels 2004 des sociétés du CAC 40, la rage sociale ne cesse de monter contre les grosses entreprises dont les bénéfices explosent, mais dont les salariés étouffent, à cause de la baisse de leur pouvoir d’achat.

Ce 10 mars sera la réponse très explicite des salariés et des chômeurs à l’orientation dangereuse du gouvernement : lundi de Pentecôte travaillé, contingent annuel d’heures sup. relevé à 220 heures, loi dite de « cohésion sociale » allégeant les obliguations des employeurs en cas de licenciement économique, abrogation de plusieurs mesures de la loi de janvier 2002 qui renforçait justement la protection des salariés contre les licenciements trop faciles …

Au surlendemain de la fameuse « Journée de la femme », n’oublions pas non plus la pénalisation du salaire féminin, à 20 % au-dessous de celui des hommes, notamment parce que les femmes restent archi-minoritaires aux niveaux hiérarchiques supérieurs. Heureusement, le Président de la république nous a promis la parité pour les prochaines années !

Fortement soutenu voire poussé par le Medef, le gouvernement impose sa vision du libéralisme, selon laquelle le social serait régi par l’économique.

C’est l’exact opposé de la conception CFTC. Pour nous, le social n’est pas un sous-produit de l’économie. C’est au contraire l’économie qui est au service de la personne humaine (salarié, chômeur, patron, retraité). Et dans les entreprises, rien ne doit se faire sans les salariés.

En même temps, on constate un tournant, un début de prise de conscience. Le Ministre de la Cohésion sociale, par exemple, propose aux partenaires sociaux d’ouvrir des négociations sur les salaires par branche professionnelle.

Cela pourrait relancer les négociations d’entreprise, à condition que les éventuels accords de branche contiennent des clauses impératives, pour empêcher les accords d’entreprise d’être moins favorables aux salariés !

Comment ça se passe à Capgemini

Il faut reconnaître que Capgemini se différencie de ses voisines de CAC40 : chez nous, les résultats aussi sont en baisse. Et comme l’an passé, le remède contribue à fatiguer le malade : le Groupe a supporté 220 millions de frais de restructuration, dont 127 millions d’euros pour des réductions d’effectif (contre 141 M€ en 2003).

Les salaires

Sur ce point, Capgemini s’aligne sur les autres grands groupes : pas question de politique salariale concertée.

Seulement, il existe 2 obstacles :

·                     un résidu historique de la grande époque du Groupe : l’Accord salaires de 1991. La Direction a dû le signer dans un moment d’égarement car depuis 1992, elle met tout en œuvre pour ne pas l’appliquer.

·                     La loi -tant qu’elle existe encore !- obligeant les employeurs à négocier chaque année dans les entreprises, sur les salaires

Alors nous avons depuis plus de 10 ans une parodie plus ou moins réussie de négociation. Pour la DRH, il faut faire semblant de respecter la loi, jouer aux syndicats la comédie de la négociation, mais surtout ne rien lâcher : depuis toujours, la direction générale entend se réserver exclusivement la gestion des salaires.

La CFTC a donc assigné Capgemini au Tribunal de grande instance, pour défaut de négociation. Mais la justice est lente : après deux ans de procédure, nous avons enfin la date de la plaidoirie : ce sera le 9 septembre 2005 à 13h30, au TGI de Nanterre. Nous vous en reparlerons d’ici là. q